"Le projet est le brouillon de l'avenir. Parfois, il faut à l'avenir des centaines de brouillons."
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MessagePosté le Jeu 27 septembre 2007, 21:29    Objet : À traduire en arabe, si c'est possible Répondre en citant

À traduire en arabe, si c'est possible. Merci !


V - LA MORT DU MAHATMA GANDHI

I
La lumière du monde est éteinte,
L’astre vient de mourir.
Le firmament exhale ses plaintes
Du zénith au nadir.
Car l’homme qui brandissait la flamme,
La flamme de l’amour,
L’inspiré, l’apôtre, la Grande Âme,
A quitté notre jour.
Il est mort saintement sur les cimes,
Pour l’Inde et l’univers,
Abattu par la balle du crime
Sous les grands cieux ouverts.
Et les siècles verront sur la Terre
De sang illuminée,
Se dresser, autre Christ solitaire,
Le juste assassiné.
II
Arbres, pourquoi pleurer dans la forêt profonde ?
« Las, nous avons perdu le grand arbre du monde,
« Celui qui dans son ombre auguste maria
« Le rêve du brahmane aux pleurs du paria. »
Ô vents, pourquoi pleurer sur les neiges lointaines ?
« Hélas ! nous avons tous perdu la grande haleine,
« Le souffle éblouissant qui versait dans les cœurs
« Ulcérés par la Terre, un idéal vainqueur. »
Ô montagnes, pourquoi gémissent vos abîmes ?
« Las, nous avons perdu la montagne sublime
« Le grand front composé d’aurore et de granit,
« Le mage dont la mitre égalait l’infini. »
Ô tragique univers, pourquoi verser des larmes ?
« Hélas, l’humble guerrier aux souriantes armes,
« Dont le glaive lumière anéantit la nuit,
« Le doux prophète aux yeux tranquilles est détruit.
« Il brillait comme un monde éclatant de clémence !
« Une balle, un plomb vil, a tué l’être immense
« Dont le visage calme illuminait nos champs,
« Il meurt crucifié dans le Soleil couchant. »
III
Sous la griffe colossale de l’Angleterre,
L’Inde gisait avec ses millions d’humains,
Et les Himalayas aux farouches chemins
Inclinaient leurs crânes austères.
Les Ganges ne roulaient dans leurs flots inouïs
Que l’image d’une prison prodigieuse ;
Les étangs bleus, pleins de cygnes et de macreuses,
Étaient sombres comme des puits.
Alors tu descendis des ondoyants nuages
Où le palais des fées et des dieux resplendit,
Portant entre tes doigts azurés, ô Gandhi,
La liberté, l’astre des sages !
Aux rayons bienfaisants de cette étoile d’or,
Le grand lion des mers éteignit ses tonnerres
Et l’éléphant ailé des Indes millénaires
Reprit son grandiose essor.
On le voit maintenant flotter dans l’air nocturne,
Comme un vaisseau magique emporté par les vents,
Les ailes bien rythmées, la trompe s’élevant
Vers le ciel où flamboie Saturne.
Gloire à toi, pur vieillard, qui sus ressusciter
Les colosses hindous dormant au fond des Ganges !
De ces monstres vaincus tu fis de fiers archanges,
Des rois épris de liberté !
L’Inde fut autrefois la fontaine des races
Et le vase éternel d’où jaillirent les dieux ;
Elle renaît, parée de myriades d’yeux,
La déesse toujours vivace !
Une aurore de pourpre et d’amour s’enflamma
Quand ta main bénissante épandit la lumière ;
Vois tu ces tourbillons de peuples en prière
Qui t’invoquent, ô Mahatma ?
Sens tu le désespoir intense qui les navre ?
Écoutes tu le chant des adorations ?
Ô Bapou, l’œil sacré des constellations
Verse des pleurs sur ton cadavre !

IV
Quand l’ombre est sur le point de submerger les cieux ;
Quand les pâles mortels se heurtent, anxieux,
Dans le déchaînement aveugle des ténèbres ;
Quand l’hydre de la nuit, en ses replis funèbres,
Environne le globe, et, sous ses nœuds pervers,
Menace d’écraser le tremblant univers
Comme un python étouffe une biche sauvage ;
Quand les temps sont venus du meurtre et du ravage ;
Quand, pareil au hibou posé sur un cercueil,
Satan trône, ébloui, sur les peuples en deuil ;
Quand les cloches d’enfer dans les poitrines grondent
Le Dieu Vivant envoie un rédempteur au monde.
Râma sut libérer les peuples délirants
Que les hommes-démons, sous leurs pieds de tyrans
Broyaient, et le héros dressa, tel un exemple,
Sa vie mystérieuse et droite comme un temple.
Krishna, fils de la Vierge, écho du grand Soleil,
Le cœur irradié d’un flamboiement vermeil,
Mourut en pardonnant à ses meurtriers lâches
Comme l’arbre santal qui parfume la hache.
Bouddha, l’Illuminé, dit aux hommes amers
De répudier l’éclat illusoire des mers
Et du monde insensé, pour tourner leurs fronts blêmes
Vers le bleu Nirvâna, vers le calme suprême.
Quand la croix fut debout sur le mont Golgotha,
Le triangle pensif du paradis chanta
Et le roi des enfers pleura parmi les flammes.
Le sourire du Christ transfigure les âmes.
Puis le consolateur, l’élu du Paraclet,
Manès aux profonds yeux parut, tenant les clés
Du jardin de lumière où les extases plongent ;
Il périt écorché par les fils du mensonge.
Nanak vint enseigner que sous des noms divers
Le même Dieu sans forme emplissait l’univers ;
Védas, Bible, Coran, ces sources qui ruissellent
Reflètent la sagesse aux mains universelles.
Enfin Ramakrishna brilla sur les sommets.
Christ en son cœur rejoint Bouddha et Mahomet ;
Sous l’entrelacement des roses éternelles,
La vision de Dieu jaillit de ses prunelles.
Toi, tu sus combiner le rêve et l’action.
Tu viens, vêtu de blanc comme les alcyons
Pour renouer la chaîne héroïque des sages.
Ton cœur vibrant d’azur donne au monde un message,
C’est l’appel fraternel qui domine les temps,
La douceur inflexible et l’amour combattant
Pour vaincre la doctrine infâme de l’épée.
Quand les fureurs, troupeau de chiennes échappées,
Parcourent en hurlant le monde épouvantable,
Ton verbe lumineux les ramène à l’étable.
Pas de massacre ! Pas de haine ! Pas de mort !
L’amour, malgré l’aspic féroce qui le mord,
Demeure souriant au choc des violences.
Les colombes du ciel sur ton front pur s’élancent,
Et de tes mains sacrées tombent sur nos clameurs
Les graines du silence, ô mystique semeur !
Jamais tu ne frappas ton cynique adversaire.
Tu n’es pas le vautour dont l’orgueil est la serre,
Mais le cygne aux flancs clairs comme l’éternité.
Tu n’es pas le lion plein d’une âme irritée
Mais l’agneau qui voulut devant la haine immense
La vaincre seulement par ses propres souffrances.
V
Jadis, quand le Bouddha prêchait dans Bénarès,
Un éléphant, jailli des terribles forêts,
Qu’avait rendu furieux un sinistre breuvage,
Se rua sur la foule avec des cris sauvages.
Sous ses pieds monstrueux les vivants écrasés
Poussaient des hurlements atroces,
Le sang rejaillissait en douceâtres fusées,
Jusqu’aux oreilles du colosse.
Les murs croulaient au choc de ses membres maudits ;
Il dévorait, ainsi qu’un lugubre incendie,
Sous son tourbillon sombre aux fulgurantes flammes,
Le bûcher convulsif des enfants et des femmes.
La Terre palpitait comme tremble un volcan
Au passage bouillant des laves,
Et l’éléphant-démon, haletant, suffocant,
Plein de sanguinolentes baves,
Roulait en fracassant les malheureux humains
Dont les cadavres ravagés sur les chemins
Formaient un fumier rouge. On fuyait, comme grouillent,
Sous les fers d’un cheval emballé, des grenouilles.
Mais, soudain, au contour forcené d’une rue,
Environné d’une aube calme,
Le Bouddha, comme un mont souriant, apparut,
Rêvant sous d’invisibles palmes...
Il dit au monstre énorme : « Ô malheureux dément,
« Contemple le grand ciel plein de frémissement,
« Que de leurs profondeurs sur toi descende encore
« Le resplendissement guérisseur des aurores. »
Alors le titan fou regarda l’infini
Où le flot des mondes circule,
Les fantômes, quittant son âme rajeunie,
S’enfuirent dans les crépuscules.
L’esprit paisiblement reconquit son cerveau,
Comme on porte une lampe au cœur noir d’un caveau
D’où s’effacent les ténèbres aux lourds visages,
Et l’éléphant s’agenouilla devant le sage.
Ainsi, ô Mahatma, tu sus calmer l’enfer
Grondant de rires et de râles,
Quand les vents furieux et les rouges éclairs
Frappaient les Indes colossales.
Dans l’exaltation des jeunes libertés,
La bataille des dieux géants ressuscitait :
Contre Allah rugissant Sivâ crachait des flammes,
Les antiques fureurs rebouillaient dans les âmes.
Hindous et Musulmans, oubliant le Soleil
De la tolérance divine,
Pareils aux spectres qui tournoient dans le sommeil,
S’entretuaient sur les ruines.
Et les villes flambaient sous les cieux affolants,
Et les couteaux réfléchissaient leurs feux sanglants,
Et les vampires froids, sous la terre vorace,
Exultaient en buvant le sang triste des races.
Alors tu te dressas contre l’horreur sacrée,
Contre les vengeances cruelles,
Tu montras l’infini qui rayonne et qui crée,
Le gouffre où palpitent les ailes,
Tu poussas le grand cri de Dieu : « Fraternité ! »
Et, voulant dans ta chair punir ton peuple athée,
Expiant librement la rage des abîmes,
Tu commenças le jeûne héroïque et sublime.
Tu dis : « Je jeûnerai, s’il faut, jusqu’à la mort,
« Plutôt que de subir la haine,
« Plutôt que de laisser mes peuples sans remords
« Se débattre dans la géhenne !
« Je veux leur rappeler, en souffrant sous leurs yeux,
« Que l’amour éternel rayonne dans les cieux
« Et, s’ils ne veulent pas éteindre leurs querelles,
« J’entrerai en priant dans la nuit solennelle. »
Mais lorsque l’on te vit décidé au tombeau
Pour sauver l’Inde, notre mère,
Les hommes, jusqu’alors transformés en robots,
S’interrompirent dans leur guerre.
Les spectres rugissants quittèrent les chemins,
Les coutelas honteux tombèrent de leurs mains
Et, pendant que fuyaient les vampires infâmes,
Les robots monstrueux recouvrèrent leur âme.
Quatre cent millions d’hommes, tremblant d’amour,
Oubliant les noires tempêtes,
Ainsi que des oiseaux devant le point du jour,
Se tournèrent vers leur prophète.
Ils pleuraient, ils tremblaient, ils tombaient à genoux,
Ils criaient : « Ô Gandhi ! Père ! Pardonne-nous ! »
Et la paix, jaillissant de tes pures paupières
Sur ce vaste océan d’hommes mit sa lumière.
VI
Mais tandis qu’une Idée vivante
Comme un astre te dirigeait,
Dans le fond noir des épouvantes
Des crapauds blêmes surnageaient.
Les cobras à figure humaine
Se rassemblaient chaque semaine
Avec des rires enragés.
Ils souillaient ton image sainte
Au nom des dieux cuirassés d’or ;
Ils appelaient dans leur enceinte
Les plus affreux parmi les morts.
Ils évoquaient le cœur sinistre
Des épouvantables ministres
Et des conquérants sans remords.
Ces malheureux, privés d’entrailles,
Rêvaient les massacres pervers,
Ils bâtissaient d’âpres murailles
Sous le vent glacial des hivers,
Ils voyaient l’Inde, leur maîtresse,
Comme une déesse-tigresse
Lapant le sang de l’univers.
Sous le feu des lampes funèbres
Qui gelaient ces fronts délirants,
De noirs esprits, nés des ténèbres,
Pressaient leurs invisibles rangs.
Ils voulaient, par un bond magique,
Entrer dans un cerveau tragique
Comme une horde de tyrans.
Ils trouvèrent l’homme farouche,
Ils pénétrèrent dans son cœur,
Ils mirent en sa sombre bouche
La bave du crime vainqueur.
Brandissant une lame ardente,
L’homme promit à l’épouvante
D’immoler le doux rédempteur.
VII
La promesse aux démons sauvages
Fut tenue sous les cieux sanglants !
Gandhi priait, sur le rivage
Des samadhis étincelants.
Son cœur, brûlant comme une étoile,
Poussait vers l’Être aux mille voiles
Le doux geyser de ses élans.
Son âme, ouvrant de pures ailes,
S’échappait de son front pensif.
Dans des flammes surnaturelles
Elle volait loin des récifs
Comme un tourbillon de mouettes !
Mais, soudain, l’étrange tempête
Déchaîne la plainte des ifs...
La mort a frappé le prophète
Quand il méditait à genoux
Devant les éternelles fêtes
Qui dansent au-dessus de nous.
Son corps tombe comme une cime,
Les sources de son sang sublime
Pleurent sur le blanc des burnous.
Un cri d’épouvante et d’angoisse
Secoue d’innombrables humains.
Leurs mains comme des fleurs se froissent
Vers ton visage surhumain.
Toi, tu montes dans la lumière,
Dans les éternités premières,
Dans les extases sans chemin.
Tu bénis le tueur terrible,
Pauvre homme en proie aux destinées,
Que des remous atroces criblent,
Qui songe en son âme étonnée.
L’amour, le pardon, la clémence,
Sont le pain de ton cœur immense
Loin des vengeances effrénées.
Tu rentres aux zones divines
D’où ton étincelle est tombée.
Sous tes pieds, comme en des ravines,
Rampent les foules scarabées.
Là-haut les oiseaux d’or se perchent
Et le vol des planètes cherche
En vain, ton âme dérobée !
Tu montes, tu grandis, tu planes
À travers l’aurore infinie ;
Dans ton fantôme diaphane
Les soleils plongent, rajeunis.
Tu dilates ton envergure
Sous les sidérales figures,
Plus haut que l’ange et le génie.
Le flot des firmaments déferle
Sur les sables du lointain bleu.
Tu redeviens la grande perle
Ornant la tiare de Dieu.
Toujours des rayons secourables
Transfigurant les misérables
Jailliront de ton âme en feu !
Ô Gandhi, lumière éternelle,
Bénis le cœur des continents !
Puissant cygne, au vent de ton aile
Éteins les flambeaux délirants !
Sur la pâle Terre qui souffre
Ramène des sources du gouffre
L’amour, ce volcan rayonnant !
Ton corps, que la flamme dévore,
En cendre féconde réduit
Est une semence d’aurore
Aux flancs palpitants de la nuit.
Envolé en pâle poussière
Il baigne l’Inde tout entière
Sous ses atomes éblouis.
Si bien que l’Inde triomphale
Avec ses fleuves éclatants
Sous la lumière et les rafales
Devient ton vrai corps, ô titan !
Là vibre ta vie surhumaine
Qui coule en brûlante fontaine
Où boivent l’abîme et le temps.
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