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kalimanthrope HadÉrent
Inscrit le 20 aoû 2012 Messages : 3
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Posté le Lun 20 août 2012, 15:18 Objet : Besoin d'aide sur une phrase de Sénèque ! |
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Bonjour à tous!
En me replongeant dans les lettres à Lucilius de Sénèque je bute sur une phrase :
Nulla autem causa vitae est, nullus miseriarum modus, si timetur quantum potest.
Sénèque, Lettres à Lucilius, XIII, 12
Bon, grossièrement traduit ça donne quelque chose comme :
Or il n'y a pas de raison de vivre, aucune fin à nos malheurs, si l'on se met à craindre tout ce qui est redoutable.
Mon problème se situe au niveau de l'emploi de timetur. Il s'agit de la 3e personne du singulier indicatif passif, si je ne m'abuse, et peut se traduire par est craint. Pourtant dans nombreux textes latins des lettres à Lucilius, j'ai pu lire cette phrase écrite avec le mot timeatur, ce qui pour le coup serait plutôt du subjonctif passif.
J'en appelle à vos lumières pour savoir laquelle des deux formes, timetur ou timeatur, est la plus correcte !
Merci d'avance ! |
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Anne345 Modérateur
Inscrit le 27 aoû 2007 Messages : 1916
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Posté le Lun 20 août 2012, 16:30 Objet : |
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Avec la principale au présent de l'indicatif, l'indicatif parait plus logique, puisque dans les conditionnelles le mode et le temps du verbe sont en général les mêmes dans la principale est dans la subordonnée : si on craint... (fait réel). C'est d'ailleurs la version la plus féquente selon Google.
Mais comme c'est "en général", le sujonctif n'est pas impossible : si on craignait... (potentiel).
Il faudrait une édition avec apparat critique, pour voir s'il y a un commentaire et si les deux versions existent dans les manuscrits anciens. |
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kalimanthrope HadÉrent
Inscrit le 20 aoû 2012 Messages : 3
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Posté le Lun 20 août 2012, 16:59 Objet : |
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Merci pour cette réponse rapide. Elle me conforte dans l'idée que timetur semble le choix le plus logique et le plus harmonieux, bien que timeatur n'apparaisse pas comme une faute manifeste à première vue.
Malgré mes recherches sur internet -- gallica, google books etc...--, je n'ai pas pu trouver de commentaires sur cet emploi controversé et aucun des deux termes ne semblent faire l'objet d'une plus forte utilisation que l'autre, si ce n'est peut-être une légère prédominance du timetur dans les éditions françaises.
Bref, merci encore.
Tant que j'y suis, je me permets de poser une dernière question qui chiffonne le maniaque que je suis:
La liaison du A et du E afin de produire le son é, était-elle d'usage sous les césars (VITÆ ou VITAE)? Si oui, cette particularité était-elle employée indifféremment avec les deux lettres séparées ?
Il me semblait que cette liaison des deux lettres était d'usage relativement moderne, avec une introduction progressive au moyen-âge mais je n'en suis pas sûr... |
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Anne345 Modérateur
Inscrit le 27 aoû 2007 Messages : 1916
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Posté le Lun 20 août 2012, 17:37 Objet : |
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Si j'en crois Wikipédia :
Citation :En latin classique, la combinaison décrit la diphtongue [aĕ]. Elle était utilisée à la fois dans les mots latins (écrits avec « AI » avant le IIe siècle av. J.-C.) et dans les mots empruntés au grec, dans lesquels on trouvait la diphtongue « AI » (« ΑΙ »). En latin classique comme en latin moderne, on devrait écrire les deux lettres séparément, mais la ligature a été utilisée depuis le Moyen Âge jusqu'aux derniers écrits latins car la diphtongue s'était monophtonguée en une voyelle longue, [εː], dès les premiers textes littéraires latins. |
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kalimanthrope HadÉrent
Inscrit le 20 aoû 2012 Messages : 3
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Posté le Lun 20 août 2012, 18:17 Objet : |
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Un grand merci pour toutes ces informations ! |
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