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Aliquis Invité
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Posté le Mer 28 août 2013, 12:53 Objet : Mon innocence ne fait pas attention à ta diligence |
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confirmation
Je voudrais savoir si j'ai bien traduit ces deux phrases:
Elles sont le même sens.
1-Innocentia mea ad diligentiam tuam non cavet.
2-Innocentia mea de diligentiam tuam se ridet.
Mes traductions:
1-Mon innocence ne fait pas attention à ta diligence.
2-Mon innocence se rit de ta diligence.
Est ce correcte? |
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Bill HadEpte
Inscrit le 25 avr 2013 Messages : 678
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Posté le Mer 28 août 2013, 13:11 Objet : Mon innocence ne fait pas attention à ta diligence |
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Aliquis a écrit :Je voudrais savoir si j'ai bien traduit ces deux phrases:
Elles sont le même sens.
1-Innocentia mea ad diligentiam tuam non cavet.
2-Innocentia mea de diligentiam tuam se ridet.
Mes traductions:
1-Mon innocence ne fait pas attention à ta diligence.
2-Mon innocence se rit de ta diligence.
Est ce correcte?
Voici les corrections:
latin 1 : Innocentia mea diligentiam tuam non cavet
latin 2: Innocentia mea diligentiam tuam ridet
" innocentia" = innocence dans le sens de "non culpabilité", " intégrité".
Si vous pensiez à " candeur,naïveté" je dirais:"candor" ou " simplicitas" à la place de " innocentia"
Bien à vous |
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Sarah89 HadEpte
Inscrit le 22 juil 2012 Messages : 1915 Localisation : Belgique
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Posté le Mer 28 août 2013, 17:27 Objet : |
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Il faut souligner que innocentia mea diligentiam tuam non cavet veut dire "mon innocence ne fait pas attention à ta diligence dans le sens "ne prend pas garde contre elle" ( cavere = "faire attention" dans le sens "prendre garde" comme dans cave canem = attention/gare au chien!), pas dans le sens "ne pas faire attention, ne pas se soucier, s'en ficher". (Si c'est ce dernier sens que vous voulez, non curat.) |
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Bill HadEpte
Inscrit le 25 avr 2013 Messages : 678
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Posté le Mer 28 août 2013, 18:52 Objet : |
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Sarah89 a écrit :Il faut souligner que innocentia mea diligentiam tuam non cavet veut dire "mon innocence ne fait pas attention à ta diligence dans le sens "ne prend pas garde contre elle" ( cavere = "faire attention" dans le sens "prendre garde" comme dans cave canem = attention/gare au chien!), pas dans le sens "ne pas faire attention, ne pas se soucier, s'en ficher". (Si c'est ce dernier sens que vous voulez, non curat.)
Exact! Je n'y avais pas prêté attention( l'âge sans doute?)
merci. |
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Aliquis Invité
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Posté le Mer 28 août 2013, 20:49 Objet : |
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Merci pour les éclaircissements^^
j'ai utilisé "se" car j'avais lu sur De viris "matremque se gessit"
Pourriez vous m'expliquer la structure grammaticale de cette phrase? |
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Sarah89 HadEpte
Inscrit le 22 juil 2012 Messages : 1915 Localisation : Belgique
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Posté le Mer 28 août 2013, 21:15 Objet : |
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Matremque se gessit = et elle se comporta comme une mère (littéralement "elle se porta mère"). Se est l'objet direct de gessit et matrem s'accorde avec (accusatif prédicatif; voyez ici http://www.cnrtl.fr/definition/accusatif Je cite: "6. L'accusatif prédicatif ou adjoint (...) est le cas de l'attribut dépendant d'un verbe prédicatif transitif : lat. facere aliquem beatum"'rendre quelqu'un heureux"." Dans matremque se gessit, se correspond à aliquem de l'exemple (objet direct) et matrem à beatum (accusatif prédicatif). L'objet direct est ce sur quoi l'action du verbe se porte directement, l'accusatif prédicatif est le "résultat" de cette action, si on veut. Rendre quelqu'un (objet direct) heureux (résultat). Marcus me facit beatam: qu'est-ce que Marcus rend/fait? Moi, me ---> objet direct; et il me rend quoi? Heureuse, beatam ---> acc. prédicatif. Matrem se gessit: qu'est-ce qu'elle porta? Elle-même, se ---> objet direct; et elle se porta quoi? Mère, matrem --->accusatif prédicatif.).
C'est une construction différente de celle dont vous avez besoin dans votre phrase avec le verbe ridere. Il ne vous faut qu'un object direct, et qui n'est pas se, évidement (sinon ça voudrait dire que l'innocence se rit d'elle-même).
En français on peut dire "se rire de quelqu'un/quelque chose", mais pas en latin. |
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Sarah89 HadEpte
Inscrit le 22 juil 2012 Messages : 1915 Localisation : Belgique
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Posté le Mer 28 août 2013, 22:18 Objet : |
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Quoique au fait dans "se rire de quelqu'un" en français, "se" est datif et pas accusatif (je m'en doutais mais je n'était pas sûre, j'ai du vérifier), mais bon comme la forme est la même, c'est sans doute ça qui vous a induit en erreur. |
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Aliquis Invité
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Posté le Jeu 29 août 2013, 10:14 Objet : |
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Sarah un grand merci pour ta réponse détaillé. |
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Bill HadEpte
Inscrit le 25 avr 2013 Messages : 678
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Posté le Jeu 29 août 2013, 15:14 Objet : |
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Sarah89 a écrit :Quoique au fait dans "se rire de quelqu'un" en français, "se" est datif et pas accusatif (je m'en doutais mais je n'était pas sûre, j'ai du vérifier), mais bon comme la forme est la même, c'est sans doute ça qui vous a induit en erreur.
Pourquoi parler de "datif" ou de " accusatif"" en français"? Cela est inapproprié. Par ailleurs, selon " Le bon usage" de Grévisse (pp. 1176-1177, § 749. Edition 1986), le pronom personnel "se" n'a pas de fonction grammaticale précise dans des verbes tels que: " se moquer, se repentir, se taire etc". Le même Grévisse ( Précis de Grammaire française, vingt- septième édition,§ 287, p. 144) classe " Se rire de" parmi les verbes pronominaux dont le pronom est sans fonction logique, qui reflète simplement le sujet,sans jouer aucun rôle de complément d'objet direct ou indirect. (Voir les verbes cités plus haut et d'autres tels que" se jouer de, s'évanouir etc".) |
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Sarah89 HadEpte
Inscrit le 22 juil 2012 Messages : 1915 Localisation : Belgique
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Posté le Jeu 29 août 2013, 18:42 Objet : |
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Ou, bien sûr la plupart du temps les cas ne se distinguent plus en français, mais les fonctions sont toujours là. Quand je dis "datif", c'est "ce qui serait datif en latin", si vous voulez.
Quand je dis "je te donne un livre", on peut dire que "un livre" a la fonction d'un accusatif et "te" d'un datif, même si ce n'est pas si bien marquée qu'en latin par la forme du mot.
Je pense que l'origine de "se" dans "se rire de" doit être de la nature d'un datif - peut-être dans le genre d'un datif éthique, même si je ne suis pas sûre que c'est le terme exact dans ce cas. Un datif éthique est un datif sans fonction bien précise, dénotant seulement une personne plus ou moins impliquée/intéressée dans l'action d'un manière plus vague que dans le cas d'un objet indirect (exemples de datifs éthiques: "range-moi ta chambre", "regardez-moi ça").
On conjugue "elle s'est ri", "ils se sont ri", etc. avec "ri" invariable. C'est comme ça que j'ai vérifié. Si "se" était objet direct/accusatif, "ri" s'accorderait "rie", ris".
Dans "s'évanouir", par contre "se" est objet direct (et donc accusatif par nature), car on conjugue "elle s'est évanouie", "ils se sont évanouis". |
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Anne345 Modérateur
Inscrit le 27 aoû 2007 Messages : 1916
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Posté le Jeu 29 août 2013, 19:31 Objet : |
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Un petit rappel sur les verbes pronominaux ?
S'évanouir, s'enfuir... sont des verbes essentiellement pronominaux (ils n'existent pas à une forme non pronominale), le pronom n'est pas analysable, il n'a aucune fonction. L'accord du participe passé aux temps composés se fait alors avec le sujet : il se sont évanouis.
Se rire est occasionnellement pronominal. Son sens ne s'écarte pas trop du sens non pronominal. Il s'accorderait donc avec "se" si c'était un COD. Ce n'est pas possible puisque rire est transitif indirect. Le participe passé de se rire reste donc invariable : ils se sont ri.
De là à dire que "se" s'analyse comme un COI, il faut beaucoup d'imagination... |
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Sarah89 HadEpte
Inscrit le 22 juil 2012 Messages : 1915 Localisation : Belgique
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Posté le Jeu 29 août 2013, 19:33 Objet : |
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Je n'ai pas dit que c'était un COI, juste que le "se" dans "se rire" était probablement de la nature d'un datif. Même dans les expressions figées, linguistiquement, les mots ont une origine. |
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Anne345 Modérateur
Inscrit le 27 aoû 2007 Messages : 1916
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Posté le Ven 30 août 2013, 08:31 Objet : |
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Je rectifie ce que j'ai écrit, en m'alignant sur l'interprétation de Grevisse que j'aurais dû consulter plus tôt :
"se rire" a un pronom inanalysable, mais est une exception à la règle (de l'accord du participe avec le sujet) : son participe reste invariable, comme ceux de se plaire (au sens de trouver de l'attrait, se trouver bien), se déplaire et se complaire.
Mais toujours pas plus de datif, éthique ou pas, que de COI. |
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